Jardin-forêt
Un jardin-forêt, appelé aussi forêt-jardin ou forêt comestible, est un système de culture qui imite l’écosystème d’un jeune boisement et permet un certain nombre de productions.
Une grande variété et densité de plantes y sont organisées sur plusieurs strates : on y trouve des arbres de canopée, des arbustes, des herbacées et couvre-sols, des lianes, des champignons, etc. On y intègre essentiellement des plantes pérennes, comestibles, qui réduisent considérablement le travail et l'énergie dépensée sur sa durée de vie.
La diversité et la densité d’un jardin-forêt en font un écosystème très résilient. Il offre une multitude de productions (aliments, plantes médicinales, bois, etc.) tout en enrichissant la biodiversité locale. On y cultive sans labour, sans produits chimiques, tout en nourrissant les humains… et la nature !
La conception d’un jardin-forêt dépend des objectifs et des bénéfices attendus. Il s’appuie sur le principe de l'indigénat climatique[1][2] en intégrant aux essences indigènes des essences allogènes (non envahissantes) plus résilientes face aux pressions climatiques à venir.
Bénéfices d’un jardin-forêt
Bénéfices environnementaux
Grâce à ses nombreux arbres, un jardin-forêt participe à la captation du CO2 dans l’atmosphère et au stockage de carbone les parties aériennes, au sol, et dans le système racinaire des arbres, notamment les mycorhizes associés. Un jardin-forêt procure aussi des zones d'ombre et assure une climatisation naturelle en luttant contre des îlots de chaleur en villes. Il protège aussi les bâtiments, réduisant la consommation énergétique liée au chauffage.
La couverture végétale du sol d’un jardin-forêt (feuilles, paillage, branches, couvre-sols, etc.) favorise un sol en bonne santé qui devient alors un lieu de stockage de l’eau après de grosses pluies. Les arbres stockent l'eau grâce à leurs racines profondes qui pompent l'humidité du sol et grâce à leur association avec des champignons symbiotiques : les mycorhizes. De plus, le cortège d’espèces que forme la vie du sol crée des porosités où l’eau s’infiltre plus facilement. L'infiltration de l’eau dans le sol évite ainsi le risque d'inondation et d’érosion des sols.
La densité des plantations favorise la création de vapeur d’eau grâce à l’évapotranspiration des feuilles, ce qui participe à la formation d’un micro-climat et à plus grande échelle, des nuages et des précipitations.
Bénéfices pour la biodiversité et les sols
Les différentes strates et la diversité des essences fournissent une multitude d’abris pour une grande variété d’insectes et de petits animaux.
Le couvert végétal de la terre participe à la régénération des sols, ce qui favorise la biodiversité souterraine. Les sols se remplissent à nouveau de vie ! On peut aussi y introduire des tas de branches ou de pierres pour offrir des abris à de multiples espèces.
Bénéfices sociaux
Les jardins-forêts sont des espaces où il fait bon se promener et passer du temps. L’immersion au cœur d’un jardin-forêt apporte un grand bien-être, un sentiment de connexion profonde à la nature. Un jardin-forêt est un lieu d’émerveillement face à la diversité de la nature. C’est un vecteur d’émotion puissant, au travers de nos 5 sens. Ce sont aussi de formidables lieux de pédagogie pour éduquer au vivant et à la biodiversité de la faune et de la flore.
Des jardins-forêts publics, mis en place dans des communes ou des écoles, peuvent aussi devenir des vecteurs de lien social, en créant une communauté qui l’entretien et y fait les récoltes. Ce sont des lieux de rencontres inter-générationnelles qui donnent un sentiment d'appartenance et de sens.
Bénéfices productifs
En fonction de l’objectif recherché lors de la conception d’un jardin-forêt, il est possible d’en orienter la production : production alimentaire (fruits, baies, légumes), production de plantes médicinales, production de bois, etc. La biodiversité est une co-production essentielle des jardins-forêts : ce maillage vivant participe à la résilience du système.
Investissements pour réaliser un jardin-forêt
Les coûts nécessaires pour la mise en place du jardin-forêt dépendent :
- de l’espace alloué au projet
- des aménagements prévus et nécessaires
- de la taille des arbres souhaitée (nous recommandons des plants jeunes pour une meilleure adaptation)
- l’organisation des plantations (besoin en main-d'œuvre).
L’inaction climatique coûte encore plus cher ! Les études disponibles montrent que les coûts de l’inaction, en d’autres termes les coûts d’un réchauffement mondial non contrôlé, atteindront en 2050 déjà un montant annuel équivalent à 4 % du PIB.
Il existe aussi de nombreux gains d’échelle, moins de machines sont nécessaires, moins de massifs avec des plantes annuelles à remplacer. Un jardin-forêt a aussi un impact sur la valeur des bâtiments environnants. Il encourage aussi la consommation dans les commerces locaux.
Récoltes
Dès la première année, certains arbres et arbustes produisent, notamment les petits fruits ou les arbres de grande taille. Au fur et à mesure du développement des plantes et des plantations complémentaires, les récoltes augmenteront.
Ce qui n’est pas récolté vient nourrir la biodiversité locale.
Entretien
Comme il s’agit d’un système de culture, une intervention et un entretien régulier sont nécessaires. Les premières années, il est important de pailler les plantations pour éviter la concurrence racinaire et garder le sol humide. On peut arroser les premières années en fonction des besoins pour aider les plants à bien se développer. Par la suite, les arrosages ne sont pas nécessaires, on n’arrose pas une forêt!
Après 2 ou 3 ans, survient la taille. Elle peut être utilisée pour optimiser la croissance des plantes, favoriser la fructification, et maintenir un équilibre. Elle permet de contrôler l'ombre, de stimuler la ramification, d'éviter les maladies et de favoriser l'accès à la lumière pour les différentes strates de végétation.
On laisse au sol ce qui est taillé afin que cela vienne enrichir les sols.
Durabilité
Un projet de jardin-forêt s'inscrit dans le temps long des arbres et du vivant.
Ce type d’aménagement vivant n’est pas seulement un havre de biodiversité — il est aussi une réponse concrète aux défis climatiques, alimentaires et éducatifs de notre époque. Un jardin-forêt est un espace vivant, nourricier, éducatif et poétique!
Jardin-Forêt Suisse
L’association Jardin-Forêt Suisse fait connaître et développe les jardins-forêts en Suisse romande. Sa mission est de planter le plus possible de jardins-forêts en Suisse, mais aussi d’éduquer à la biodiversité et au monde végétal. Les jardins-forêts peuvent être mis en place pour des particuliers, des entreprises ou des collectivités publiques.
Le jardin-forêt d’Eos à Eysins
Situé sur une parcelle agricole de 3'000m2, le Jardin-Forêt d'Eos est le fruit d'un partenariat entre le Domaine de Sous-Cor (Eysins, Vaud), exploité par Alicia Perego, et l'Association Jardin-Forêt Suisse.
Il s’agit d’un projet novateur qui présente une double vocation : pédagogie et production.
Sur le site, environ 2000 arbres, arbustes et herbacées ont été plantés et semés depuis 2022. Cela représente plus de 170 essences végétales différentes.
Depuis sa création en 2022, on a pu observer un accroissement de la biodiversité. Il a notamment un accroissement du nombre de vers de terre, l'arrivée de fourmis, d’araignées, d’abeilles sauvages et de campagnoles. Le taux de matière organique dans le sol a aussi augmenté. Des perchoirs ont été installés et des faucons crécerelles ont pu être observés.
Plus de 400 élèves y viennent y faire la classe chaque année depuis sa création.
Le jardin-forêt des Morettes à Prangins
La Commune et l’école de Prangins lancent un projet ambitieux et novateur : la création d’un jardin-forêt, un écosystème vivant et riche, à deux pas des salles de classe et accessible à tous. Ce projet pédagogique transforme l’arrière de l’école en un lieu d’apprentissage en pleine nature, favorisant le bien-être des élèves, des enseignants et du grand public. Il permet d’allier éducation, bien-être, écologie et reconnexion au vivant.
Il a pour vocation d’inciter les enfants et la population à devenir des acteurs responsables face aux défis environnementaux en leur offrant un cadre unique pour grandir et apprendre. Les plantations ont commencé à l’automne 2024. Sur une superficie de 1500m2, plus de 300 arbres et arbustes ont été plantés, cela représente plus de 80 essences végétales et plus de 40 familles de plantes distinctes.